Cet été, lorsque je passe dans les rangées de vigne, je n’arrive pas à regarder les plantes. Voir tous ces grains de raisin secs au milieu des grappes me rend triste, alors je baisse les yeux et regarde par terre.
À cause du mildiou, une maladie causée par un champignon qui a attaqué les vignes au début de l’été, les vendanges 2023 seront probablement les plus maigres de toutes celles que j’ai vécues, avec une perte estimée à 70 %.
Le mildiou
Le mildiou de la vigne est causé par l’agent pathogène Plasmopara viticola. C’est probablement la maladie cryptogamique la plus grave pouvant toucher une vigne. Il s’attaque à tous les organes verts de la plante. Il privilégie les feuilles, mais peut également s’étendre aux grappes, entrainant ainsi de graves dommages.
Pour qu’une plante soit infectée, il faut qu’il pleuve au moins deux jours et qu’une couche d’eau reste sur les feuilles pendant plusieurs heures. Il s’ensuit une période d’incubation qui, en fonction des conditions climatiques, peut durer jusqu’à deux semaines avant l’apparition des premiers symptômes. En présence de conditions thermiques et hygrométriques favorables (température et humidité élevées) a lieu la sporulation, qui produit cette petite moisissure blanche typique formée par les fructifications du champignon.
Lutter contre le mildiou en viticulture biologique
Le fait d’être une exploitation biologique nous impose des limites dans l’utilisation de produits phytosanitaires, car nous ne pouvons pas accéder aux substances plus puissantes employées dans l’agriculture conventionnelle.
En viticulture biologique, le cuivre représente encore aujourd’hui le seul principe actif réellement efficace contre le mildiou, auquel on peut ajouter d’autres adjuvants qui ont pour fonction de renforcer l’effet du cuivre et/ou de limiter le dosage.
Le cuivre est un produit de contact et préventif. Il doit donc être répandu sur les organes végétaux à protéger avant que le champignon ait réussi à s’établir.
Le sulfate de cuivre est dilué puis pulvérisé sur les vignes avec un atomiseur accroché au tracteur.
Ce qu’il s’est passé cette année
La fin du printemps et le début de l’été 2023 se sont caractérisés par des précipitations continuelles et abondantes. En gros, il a beaucoup plu et presque tous les jours de début mai à fin juin, ce qui a créé les conditions parfaites (chaleur, humidité et feuilles constamment mouillées) pour une attaque de mildiou.
Les traitements à base de cuivre n’ont pas été suffisants, parce que les pluies continuelles et permanentes enlevaient le produit.
Après avoir atteint les feuilles, le mildiou a attaqué les grappes, en desséchant les grains de raisin. Certaines parcelles du vignoble, comme les vignes de Merlot produisant notre IGT Monteficalle ont plus souffert que d’autres, mais dans tous les cas, les pertes atteindront certainement 70 % de la production.
Pouvions-nous faire autrement ? Nous sommes-nous trompés ? Ayant dû faire face très souvent au cours de ces dernières années au problème opposé, celui de la sècheresse, nous avons sûrement sous-évalué le risque lors de la phase initiale. Cela faisait vraiment très longtemps que je ne voyais pas la région dévastée de cette façon par ce phénomène. Il est probable que nous n’ayons pas trouvé les bons délais pour les traitements. Dans ce cas, un retard d’à peine deux jours suffit pour permettre à l’infection d’avancer.
D’autres collègues produisant eux aussi du vin biologique ont probablement été plus rapides et n’ont pas eu autant de pertes. Mais bien que de façon plus légère, toute la région a été touchée par ce phénomène.
Et maintenant ?
En ce qui nous concerne, 2023 connaitra une réduction drastique du nombre de bouteilles produites. J’évaluerai avec Lorenzo comment gérer les quantités des rares raisins présents sur les différentes étiquettes.
Il est bien connu que quand la production est très limitée, la qualité augmente, car tous les nutriments vont aux quelques grains présents sur le pied. En résumé : nous aurons très peu de vin, mais il sera certainement très bon !